pour construire le monde d’après ensemble
Sébastien
Ravi de t’avoir avec nous pour réfléchir à la situation Post-Covid. Tout le monde veut ou voudra demain bosser sur le monde d’après. Selon toi, il y a une clé, c’est qu’il faut qu’on réconcilie les générations.
Séverin
Oui oui, ça c’est vrai. Je pense qu’on se trompe aujourd’hui à vouloir surfer ou à vouloir créer une une opposition, voire une confrontation entre les « boomers » et les « millennials « , le « monde d’avant » et le « monde d’après ». D’abord les philosophes grecs, les stoïciens nous diraient qu’il n’y a pas de « monde d’avant » et pas de « monde d’après », il n’y a que le monde de maintenant, il y a que toi et moi en train de nous parler maintenant qui est une réalité tangible.
Sébastien
Il suffit de dire que le monde d’après ce sera comme ça. On est quasi sûr que ce soit le président, l’expert, l’un d’entre nous qui parle par définition, personne n’en sait rien, et donc on va se planter. Si on fait une prévision, on risque de tomber à côté quoi. Personne n’en sait rien.
Séverin
On peut tomber à côté, on peut faire des prévisions qui sont juste et puis qui évolueront et puis tout change à une telle vitesse aujourd’hui. Ce qu’on sait c’est que on a des générations, qui sont la génération Y et la génération Z qui se sont construites sur des valeurs et des usages qui sont effectivement extrêmement différent des générations précédentes.
Par exemple, qui sont 84% à dire vouloir adhérer à la « Gig économy » pourquoi est-ce que je prends cet exemple là, ça veut dire qu’en fait on va avoir une transformation profonde du monde du travail de l’organisation des entreprises des modèles de management …
Sébastien
Je n’en reviens pas de ton chiffre là, huit sur dix, moi je peux demain être indépendant, à mon compte et choisir mon patron et mes clients.
Séverin
Il faut voir ce qu’il y a derrière en fait, ça veut dire que tu te fiches, ils se fichent maintenant de savoir quel est le statut qu’ils ont le statut social qu’ils ont à travers leur leur carrière professionnelle, ce qui les intéresse c’est le projet, ce qui les intéresse c’est la manière dont il combine leur vie personnelle et leur vie professionnelle. C’est ça qui les intéresse et c’est plus c’est plus une histoire statutaire, c’est plus une histoire de label, c’est plus pour faire plaisir à ses parents, il y a 85% des métiers de demain qui n’existent pas encore aujourd’hui et qui sont à inventer. C’est tout ça qui se cache derrière ce chiffre qui est très intéressant.
Sébastien
Il y a 5 ou 10 ans, on les voyait déjà venir. Ce n’était pas encore la génération Z, qui arrive seulement là sur le marché du travail, mais on se disait, ils sont plus ceci, plus cela. « le sens avant l’argent », avant tout ça. On disait : « Il faudra les chouchouter, les attirer » eux. Mais en fait non. Du coup, ça bouleverse toute la société. Une fois que tu as changé les modèles de management etc … C’est pour tout le monde, ce n’est pas pour une catégorie de …
Séverin
Oui, alors c’est pour tout le monde, sauf que, ils représentent déjà une grande partie de la population active, ils sont 47 % aujourd’hui en 2020 et ils seront quasiment 67% en 2025 dont 35% de Z, ça veut dire 35% de la population active entre 15 et 23 ans. Donc, ça fait une énorme partie de la population active donc c’est quasiment tous ceux qui travailleront dans l’entreprise et dans l’économie demain.
Sébastien
Donc plus de freelance, plus de quoi alors aussi ?
Séverin
C’est un écosystème qui change profondément autour de ce que j’appelle « l’entreprise étendue », c’est une entreprise qui va se recentrer sur ses fonctions régaliennes. En nombre de salariés et sur la propriété intellectuelle probablement et qui va devoir être aussi attractive pour ses talents, pour tous ceux qui vont finalement être la force de production ; que pour ses clients et qui va être obligée déjà, on voit aujourd’hui, l’attractivité de la marque employeur, elle ne peut plus se résumer à un discours de ressources humaines. Elle doit être autre chose, elle doit comme tu disais, elle doit avoir un discours de sens et avoir
une attractivité forte. On voit bien qu’aujourd’hui ces générations qui sortent des grandes écoles, elles ne foncent pas vers les grandes marques, comme hier, vers les grands corporate qui étaient des valeurs refuges, des valeurs sûres, elle se posent des vraies questions et elles vont vers l’entrepreneuriat. Elles vont vers les entreprises à mission. Elles vont vers l’entrepreneuriat social …
Sébastien
Là où on pourrait dire, « Tiens, dans une crise, etc, les gens s’accrochent aux marques ». On aime bien toujours, Google, Coca, Amazon. Ce que tu veux, L’Oréal, LVMH ; toi tu dis au contraire : « Ces jeunes là s’en fichent un peu. »
Séverin
Oui, ils sont 75% à considérer aujourd’hui que ces marques vont disparaître parce qu’elles n’ont pas de sens.
Sébastien
Les marques sont mortelles, très clairement.
Séverin
Hier les marques, on revient au même sujet.
Je crois que on peut dire qu’il y a deux sujets. Hier, les marques, c’était quelque chose de statutaire. Il y avait une espèce de reconnaissance sociale, une appartenance à une classe, de reconnaissance de réussite professionnelle, de signes extérieurs de richesse.
Cette génération, elle s’en fiche, c’est plus son sujet et elles veulent consommer, vivre, créer dans valeurs qui doivent être partagées par leur écosystème. Et puis par ailleurs, tu sais aussi bien comment on en parle depuis des années ici … Elles ont même remis en cause la notion de propriété puisque l’économie du partage qui va représenter des centaines de milliards en 2025, ça représentait 50 % de l’activité des plus grands secteurs industriels qu’on connait aujourd’hui. L’entertainment, l’hospitalité, du transport, etc…
Sébastien
Airbnb, Uber …
Séverin
C’est toutes les formes de partage, donc, ce qui est intéressant derrière c’est que la notion de propriété disparaît et qu’en fait ces générations s’en fichent, ça les intéressent pas d’être propriétaire ce qui les intéressent, c’est l’usage et les valeurs et ça ce sont des changements de paradigme qui sont très profonds, et qui sont très importants qui vont demander au leadership et au management des organisations et aux marques de se repenser profondément pour pouvoir continuer à avoir les bonnes interactions avec ces générations là.
Sébastien
Merci beaucoup Séverin, à très vite.