« La culture n’est pas une marchandise », « la culture n’est pas un supplément
d’âme », « la culture doit être le disque dur »… Mais la France est parisienne et la culture aussi. Historique, monumentale, classique, plastique, un peu snob, très élitiste.
La culture « pop », c’est…populaire, « sympathique », industriel. La « pop », celle qu’on écoute tous, celle que
l’administration appelle « musique actuelle », c’est bien pour avoir l’air cool, jeune, proche… Mais demandez à 10 politiques ou hauts fonctionnaires quels sont les 2 derniers disques
qu’ils ont écoutés. S’ils vous répondent M83 et Lana Del Rey, c’est qu’un copain ou un rejeton branché leur a fait une fiche ! Combien d’entre eux vont régulièrement à la Cigale ou aux
Vieilles charrues écouter du Rap, du Rock ou de l’électro? Très, très, très peu…
Il a fallu attendre 2005 que je propose à RDDV, alors ministre, pour que la culture subventionne
enfin des festivals de musique électronique comme « les Nuits sonores » ou « Nordik impact » et arrête de cautionner une mise à l’écart, post répression, d’un mouvement
artistique installé et reconnu depuis une dizaine d’années. Idem, il a fallu que le marché du disque s’écroule de près de 30% pour que l’on crée un mécanisme de soutien à la production française.
Que l’on considère enfin la production musicale comme une industrie méritant mieux que des distributions de médailles en échange d’un peu de place dans la presse people.
La musique rythme nos vies. Marqueur de nos émotions quotidiennes, indélébiles, c’est
l’expression artistique la plus pratiquée et aimée des français.
Il ne faut pas sacrifier le « Centre National de la Musique » d’un simple revers de
main. Un établissement public de plus ? Non, une fusion de plusieurs organismes pour une meilleure gouvernance, une rationalisation de moyens actuellement dispersés, une plus grande
efficacité au soutien d’une filière. Un souhait naturel de la « filière musicale » nécessaire et attendu depuis longtemps. La création du CNM n’est pas un projet politique du
gouvernement précédent, c’est la structuration logique d’un secteur en plein bouleversement, le fruit d’un travail collectif, d’un consensus général après une longue concertation. La France doit
tenir ses engagements budgétaires et stopper l’hémorragie de la dépense publique pour redresser ses comptes, la rationalisation des moyens publics alloués à cette filière y contribue. Je crains
qu’encore une fois cette discipline, cette filière, ce secteur, cette industrie, ne fasse les frais d’une certaine idée de la culture…