Philippe Babarin et
André Vingt-Trois sont partis en croisade. Sabre au clair, ils ne laisseront pas faire ces
barbares qui veulent changer le droit, l’adapter à la réalité de notre société. Ces barbares ce sont les élus du peuple, mais cela a peu d’importance aux yeux de ceux qui, cet été, ont appelé la
Vierge au chevet d’une France moralement malade.
Il ne s’agit en aucun cas de manquer de respect aux hommes et aux femmes qui réclament le mariage pour
les couples du même sexe, rassure le Cardinal Barbarin, mais la doctrine de la foi est très claire, le mariage est fait pour procréer, et protéger la famille ainsi fondée. C’est son objet :
il est intangible et sacré.
Joseph Ratzinguer ne voulait sans doute pas non plus manquer de
respect à ces hommes et à ces femmes lorsqu’il expliquait en 1986
que « l’inclination particulière
de la personne homosexuelle constitue une tendance, plus ou moins forte, vers un comportement intrinsèquement mauvais du point de vue moral». Les Evêques de France, de
même, ne publiaient par seul souci pédagogique dans le « Catéchisme pour adultes », en 1991, que
« l’homosexualité est une déviation objectivement grave » et « qu’une société qui prétend reconnaître l’homosexualité comme une chose normale est elle-même malade de ses
confusions».
Il n’est, dans cet esprit, pas très surprenant que l’archevêque de Lyon confonde aujourd’hui inceste, polygamie et homosexualité.
L’Eglise de France s’est lancée corps et âme dans un combat d’arrière-garde dont elle a le secret,
elle qui a été si souvent le dernier
rempart de l’ordre moral le plus rétrograde. Depuis le tribunal de l’Inquisition qui condamna Galilée à la
prison pour idées contraires aux écritures saintes en 1633 jusqu’à Jean-Paul II qui lors d’une allocution
sur les
origines de la vie, le 22 octobre 1996 à l’Académie pontificale des sciences considérait ex-cathedra « les
théories de l’évolution incompatibles avec la vérité de l’homme ».
Les mots de Philippe Barbarin
sont blessants, pour beaucoup d’hommes et de femmes. Plus grave, ils sont dangereux parce qu’ils constituent potentiellement une incitation à la haine. Il est donc du devoir de nos responsables
politiques, de droite comme de gauche, de les condamner clairment. A ce stade le silence est presque assourdissant.
Il est aussi de leur devoir de condamner les attaques répétées de ce Prince de l’Eglise contre la
République. Le Primat des Gaules n’a de cesse de remettre en question la légitimité du Parlement en lui opposant « l’Inerrance
biblique” : « La première page de la Bible » contre « les décisions
circonstancielles ou passagères d’une Parlement ». Sans doute fait-il référence à l’abolition
des privileges ou de la peine de mort… Peut-être n’est-il pas toujours bon que le Parlement
décide de tout, particulièrement s’agissant de nos vies privés ; il semble en revanche sage que l’Eglise soit tenue à bonne distance de la République lorsque cette dernière s’apprête à
légiférer sur ces mêmes sujets.