La « Villa-atelier Montsouris » ou « Hôtel particulier pour un artiste peintre »
La ville de Paris met aux enchères en 1927 un terrain aux formes irrégulières en bordure de l’avenue du Parc Montsouris dans le 14ème arrondissement de Paris. Ce terrain était vacant depuis 1885. L’Avenue du Parc Montsouris, aujourd’hui rebaptisé « Avenue René Coty » (lien biographie wiki), avec un large trottoir axial planté d’arbres bordant deux chaussées qui mènent à ses extrémités à la place Denfert Rochereau d’un côté, au vaste et ondulé Parc Montsouris de l’autre.
Jean-Julien Lemordant, architecte et peintre, breton et héros de la « grande guerre », décide de l’acquérir afin d’y concevoir sa « maison rêvé des peintres ». Lemordant, ancien élève de l’école d’architecture de Rennes, mutilé pendant la guerre a perdu la vue, il décide néanmoins de concevoir lui-même les plans de son « hôtel pour un peintre ». Ils seront dessinés et exécutés sous sa direction par l’architecte Jean Launay.
Lemordant imagine une maison simple et franche, grande et harmonieuse dans ses lignes. Il ne veut aucune « inutilité, mais le confort ».
Deux années après la mise en vente du terrain par la ville de Paris, le 25 juillet 1929, la maison d’artiste est inaugurée par le secrétaire d’Etat aux Beaux-Arts. La structure principale de la construction rappelle fortement le « château » (lien wiki) des navires de la région d’origine de l’artiste. Le nouvel immeuble s’avance fièrement dans l’avenue comme la proue d’un nouveau paquebot français prêt à affronter les mers.
L’immeuble est sobre, élégant, l’harmonie est parfaite. Les volumes des étages, les saillies des façades créent la surprise et font l’originalité de ce bâtiment. Les fenêtres sont nombreuses et ouvertes, tout est conçu pour laisser place à l’air et à la lumière. L’ossature est en béton armé afin de résister à la poussée des terres vers l’Avenue. La menuiserie extérieure est en acajou et en chêne, celle intérieur en oukoumé.
Lemordant dessinera le mobilier et tous les accessoires destinés à agrémenter l’intérieur de sa maison. La salle à manger dans le plus pur « Art deco » est conservés au musée des Beaux-Arts de Quimper.
Lemordant innove aussi par l’équipement de la maison. Un ascenseur relie tous les étages et un réseau téléphonique interne permet de joindre toutes les parties de la maison. Un garage au rez-de-chaussée peut accueillir au moins un large véhicule. Le premier étage comprend une chaufferie, une cuisine et les chambres des enfants. La cuisine est alors reliée à la salle à manger par un monte-charge. Un salon-fumoir précède la salle à manger, elle-même prolongée par une terrasse d’environ 14 mètres de long. La terrasse pouvant aisément être aménagée en jardin. L’atelier au troisième est baigné de lumière grâce à une large verrière. La chambre principale au dernier étage bénéficie de sa propre terrasse surplombant l’avenue.
Jean-Julien Lemordant touché par des gaz lacrymogènes pendant les manifestations de 1968 est meurt à 89 ans. Il lègue la maison ainsi que l’ensemble de son œuvre à son grand amour de jeunesse Marguerite Caznavette. La maison appartient aujourd’hui à ses enfants Henri et Noëlle Naudet.